Jeudi 12 juin 4 12 /06 /Juin 21:16

Les sociétés modernes fondent leur conception de la sexualité sur la distinction des sexes biologiques et reconnaissent trois catégories de personnes : hétérosexuels, homosexuels et bisexuels.  Or ces notions n'ont pas cours dans la Rome antique, où tout est affaire de statut social et de classe d'âge. En gros, les citoyens mâles pénètrent et ne sont jamais pénétrés, tous les autres sont pénétrables, dans des conditions et des proportions variables selon qu'il s'agit de matrones respectables, de coquettes libérées, de prostitués et d'esclaves des deux sexes. A quoi s'ajoute le cas très particulier des empereurs libidineux, comme Tibère, Caligula ou Néron. Il s'ensuit des comportements et une morale bien différents des nôtres, au reste difficile à se représenter car, pour les romains, la sexualité relève de l'intime et doit rester cachée.

Ainsi en lieu et place des distinctions de genre qui nous semblent aujourd’hui fondamentales, nous retrouvons d’un côté les pénétrants, mâles et citoyens libres, et les pénétrés, femmes, jeunes garçons et esclaves féminins ou masculins. La débauche était surtout le fait de quelques tyrans et, au-delà des Néron, Tibère et autres Caligula, prêts à tout pour assouvir leurs bas instincts, les sociétés romaines qui se sont succédé, de la fondation de la République à la désintégration de l’Empire, ont plutôt fourni des modèles de comportements très stricts, dont certains ont été récupérés par le christianisme.

Le mariage destiné à la procréation, par exemple. Bien avant le clergé, les Romains avaient exclu le plaisir sexuel des relations conjugales, le repoussant du même coup aux aventures extraconjugales!

La société indo-européenne, dont procèdent les cultures européennes actuelles, est fondée sur un système de type patriarcal. Les liens de parenté dominants, qui permettent et transmettent les identifications, sont les liens de parenté masculine. La famille est soumise à l'autorité du père (pater, pita, Vater, etc.), de même que le système social (et le système religieux qui en constitue la projection) a pour clé de voûte une autorité et un pouvoir de type paternel. Le panthéon indo-européen donne la place principale au dieu-père : Zeus-Pater, Jupiter, Varuna, Odin, etc. Et cette conception patriarcale est encore confortée par la division tripartie qui forme la structure de base de l'" idéologie " indo-européenne, la fonction souveraine (politico-juridique) étant assimilée au père, la seconde l'étant aux fils (élément guerrier), la troisième à l'ensemble du peuple, aux femmes et aux enfants. C'est là un fait bien connu, que personne ne conteste, et qui constitue le système de notre culture.

Et pourtant, c'est aussi ce système patriarcal indo-européen, lorsqu'on le ramène à ce qu'il a de plus authentique, qui a donné à la femme une place privilégiée dans l'histoire. Contradiction ? Nullement. C'est parce qu'en Europe, les valeurs viriles et proprement célestes ou solaires forment la clé de voûte d'une société complète, que les femmes y ont été " admises " et honorées. C'est parce qu'une conception inégalitaire du monde est nécessairement fondée sur la reconnaissance de la diversité, que l'autre sexe a toujours été considéré en Europe comme un enrichissement - et non comme une malédiction, cause d'une faute originelle. C'est parce que la tradition religieuse et théologique indo-européenne repose sur l'honneur, et non sur le péché, que les choses de la chair ont pu être considérées à mi-chemin des excès constituant les antithèses relatives d'un même système : la débauche et le tabou - comme l'une des données naturelles, et donc fastes de la vie.

Tandis qu'en Assyrie, les femmes devaient se prostituer rituellement au moins une fois dans leur vie, les Grecs honoraient la belle Hélène, la tumultueuse Phèdre, la fidèle Pénélope, sans oublier Sappho la poétesse et même l'acariâtre Xanthippe et la courtisane Aspasie. Innombrables sont les déesses indo-européennes, comme innombrables sont les héroïnes dont l'histoire de l'Europe a retenu les noms, depuis les épopées homériques jusqu'aux sagas scandinaves.

Que ce soit à Sparte, à Athènes, à Rome, chez les Indo-Aryens, les Celtes ou les Germains, la femme est pleinement intégrée dans les structures socio-économiques, culturelles et politiques. Elle participe à tous les actes de la vie publique. Elle seconde son mari à la guerre. Elle exerce ses droits par des procédures de justice. Elle a sa place dans les jeux du stade, comme devant les autels où l'on honore les dieux. En Irlande, les femmes exercent des fonctions religieuses, politiques et même militaires. Chez les Cimbres et les Goths, il n'est pas rare qu'elles prennent part au combat.

Le plus souvent, filles et garçons se choisissent librement - en accord avec les lois de la cité et les antiques traditions. La veuve retourne dans sa famille et se remarie à son gré. L'union étant librement consentie, la fidélité mutuelle en forme la pierre angulaire. La liberté sexuelle s'exerce de façon responsable : avec pudeur et gravité. On admet une grande liberté de moeurs avant le mariage, car l'union doit se faire à bon escient. Mais ensuite, une fidélité totale est la règle. L'adultère peut être mis à mort. Il n'est pas tant coupable d'avoir commis l'acte sexuel avec un tiers (c'est là chose de peu d'importance) que d'avoir failli à la parole donnée - ce qui ne se rachète pas. (Il est beau le geste de la Gauloise Chininara jetant aux pieds de son mari la tête du centurion qui l'avait violée, parce que, rapporte Plutarque, elle ne pouvait concevoir d'avoir appartenu à deux hommes vivants)

 

 

 

 

Par niagara - Publié dans : textes - Communauté : le monde de GOR
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